La digitalisation des examens est une initiative toute récente. Processus enclenché dans les universités en 2018 lors des manifestations contre la Loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (loi ORE), la crise du coronavirus lui aura donné un fort coup d’accélérateur.
En effet, les étudiants devant valider leur année universitaire dans un contexte bouleversé, le confinement a donc obligé les établissements d’études supérieures à mettre rapidement en place des épreuves en distanciel.
Même si les examens digitaux ont des effets pratiques indéniables, ils ne vont pas sans poser des difficultés, notamment en ce qui concerne la fraude et les problèmes d’équipement des étudiants.
Découvrez comment évoluent les universités sur la mise en place des examens à distance. Quels sont leurs moyens, les effets et leurs obstacles ?
Digitalisation des examens : moyens mis en place par les Facultés
Le ministère de l’Enseignement supérieur préconise que les examens universitaires se déroulent en présentiel le plus souvent possible. Toutefois, certaines universités, comme la Sorbonne ou Paul Valery à Montpellier, ont toujours proposé des examens télésurveillés, cela seulement dans des cas particuliers. Tout d’abord, ces partiels en distanciel ont lieu en même temps que ceux tenus dans les locaux universitaires. Les critères pour pouvoir être éligible sont aussi nombreux. Par exemple, à la Sorbonne, les conditions sont les suivantes :
- l’étudiant ne doit pas se situer en Île-de-France,
- l’intéressé doit faire une demande,
- il doit respecter des conditions strictement encadrées (être seul dans une pièce bien éclairée, par exemple).
La Faculté n’offre pas cette solution de manière systématique, et porte même un droit de regard et de refus sur chaque demande.
Les examens à distance sont aussi télésurveillés. Pour ce faire, les établissements d’enseignement supérieur utilisent une plateforme sécurisée indépendante qui permet une surveillance des partiels à distance via une webcam. Que ce soit pour les épreuves écrites ou orales, la webcam s’avère aussi utile à l’observation de l’étudiant (examens écrits) qu’à la communication de visu (examens oraux).
Cela suppose aussi que l’étudiant soit doté de tout le matériel informatique nécessaire (webcam, ordinateur, téléphone, connexion internet efficace…).
Partiels à distance : les effets pratiques
Les examens par la voie dématérialisée présentent évidemment d’appréciables avantages pour les universités comme pour les étudiants.
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Avantages des examens en ligne pour l’université
Dans le cas de l’université, les examens digitalisés présentent des avantages similaires à ceux de la dématérialisation des attestations de diplômes.
Tout d’abord, lorsque l’examen en ligne est généralisé, c’est une économie financière substantielle chaque semestre :
- sur la quantité de papier : les sujets ne sont plus imprimés, mais numérisés,
- sur la surveillance humaine : si une surveillance est maintenue en ligne, elle est allégée,
- sur l’entretien des locaux : nul besoin de préparer les amphithéâtres pour accueillir les candidats.
C’est également une économie de temps : une fois la liste des candidats chargée, il n’est pas nécessaire de distribuer à chacun le sujet d’examen. Il est débloqué à une heure fixée à l’avance, sans risque de perte ni de retard.
Dans certains cas, le système de notation peut aussi être fortement allégé par le principe de QCM qui calcule les résultats automatiquement. La validation des acquis est alors plus rapide et sollicite moins d’interventions humaines. C’est, là encore, une économie non seulement de temps, mais également d’argent, puisque cette tâche ne sollicite plus de personnel.
Enfin, les partiels à distance ont l’avantage de respecter les calendriers, quel que soit le contexte sanitaire ou politique. Ils peuvent donc être mis en place sans attendre les décisions gouvernementales et assurent une certaine sécurité quant au respect des dates d’examen.
La digitalisation des examens permet donc à la Faculté de faire des économies à la fois logistiques, financières et en ressources humaines. La Faculté gagne aussi en productivité.
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Avantages des partiels online pour les étudiants
La validation des acquis grâce à l’examen en ligne présente également des avantages pour les étudiants.
Ce procédé respecte les règles sanitaires, car il supprime les regroupements. Dans le contexte de la crise du COVID, c’est un avantage indéniable.
Il offre également, durant les épreuves, des conditions de confort améliorées par rapport au présentiel :
- pas de masque (dans le cas d’une crise sanitaire),
- pas de transport jusqu’au campus,
- gain de temps pour se rendre à l’examen,
- économies d’argent (transport, repas…),
- des étudiants étrangers peuvent aussi facilement passer l’examen.
Examens digitaux : les difficultés rencontrées
L’une des principales difficultés est relative aux problèmes d’équipement numérique pour certains étudiants, notamment ceux qui reçoivent des bourses pour poursuivre leur scolarité. Les différences de moyens créent des disparités dans l’accès au matériel et aux connexions.
Par ailleurs, le risque de fraude n’est pas négligeable. Il exige des contrôles renforcés et la mise en place d’une chaîne de sécurisation lors du passage de chaque épreuve :
- vérification de l’absence d’un tiers et de documents interdits,
- configuration de l’examen mûrement réfléchie en tenant compte du changement de mode,
- absence d’affichage immédiat des réponses,
- questions dont les réponses ne figurent pas sur internet,
- utilisation d’outils anti-plagiat.
Le risque d’incident technique fait également partie des inconvénients, notamment en cas de surcharge des connexions. Il est donc essentiel, pour les éviter, d’utiliser une plateforme numérique sécurisée et suffisamment puissante pour soutenir la charge, derrière laquelle repose une équipe informatique efficace et réactive.
L’égalité de traitement entre les candidats fait également partie des reproches qui sont faits aux examens universitaires dématérialisés, notamment par certains syndicats étudiants. Le Plan de continuité pédagogique du 15 avril 2020 y a répondu en exigeant un engagement explicite des étudiants à « assumer la responsabilité des conditions techniques, matérielles et opérationnelles du déroulé de l’examen à son domicile ».
Puisque les enseignements sont de plus en plus proposés en distanciel, les examens digitalisés entrent dans une continuité logique pour les candidats qui suivent des études post-bac. La vie étudiante en est ainsi révolutionnée, aussi bien pour les licences que pour les doctorats, quelles que soient les filières (à l’exception évidente des travaux pratiques).
Nombreux sont les établissements qui choisissent, comme étape suivante, la digitalisation des attestations de diplômes afin de s’assurer de délivrer en temps et en heure les documents importants de leurs étudiants (relevés de notes, attestations de réussite…). Nous entrons dans l’ère de l’université 3.0, et celle-ci fait le choix de s’adapter davantage à la vie moderne, voire de l’anticiper.