Depuis quelque temps déjà, le monde opère sa mue numérique et la tendance du zéro papier gagne du terrain. Aujourd’hui, il semble tout à fait normal de consulter ses emails sur sa montre connectée, de gérer ses comptes bancaires en ligne ou même d’envoyer des cartes postales numériques.
Avec la généralisation de ces nouveaux modes de « consommation » chez les utilisateurs particuliers, de nombreux secteurs sont impactés par les possibilités qu’offre la digitalisation. Séduits par les nombreux avantages de la dématérialisation (gain de temps, réduction de l’empreinte écologique, contrecarrer l’usage croissant de faux diplômes…), les établissements scolaires et les universités se lancent peu à peu dans l’aventure.
En place en France depuis 2019 pour certains diplômes (y compris le baccalauréat), la dématérialisation des attestations de diplômes gagne du terrain et nos homologues européens ne sont pas en reste.
Vers la dématérialisation des diplômes dans les universités européennes
Avec la dématérialisation, les universités et autres établissements d’enseignement doivent pouvoir se fier aux versions électroniques des documents issus des candidats et de leurs étudiants (diplôme national, certificats, relevés de notes, lettres d’admission et documents d’aide financière).
Étant donné le caractère sensible de ces documents, les départements informatiques doivent, quant à eux, mettre en place et maintenir des réseaux sécurisés et fiables, sans perdre de vue les réglementations relatives à la protection de la vie privée et à la conformité des données. Afin de répondre à ces enjeus, de nombreuses universités européennes commencent à implémenter la technologie blockchain (technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente et sécurisée) afin de permettre une authentification sécurisée des documents administratifs numériques.
Dématérialisation dans l’éducation nationale en Belgique
Depuis plusieurs années, la communauté flamande en Belgique dispose d’une base de données – baptisée LED (Leer-en ErvaringsDatabank) – qui centralise des certificats de qualification (diplômes, témoignages, certificats d’apprentissage, certificats d’expérience, déclarations…) de l’enseignement supérieur et de l’enseignement secondaire flamands.
Dans un contexte croissant de mobilité des étudiants interfrontaliers auquel s’ajoute la difficulté de juger de la validité des diplômes octroyés par une multitude d’établissements à travers le monde, un projet de blockchain commun entre la communauté française et celle flamande est en réflexion et devrait voir le jour en 2021.
Dématérialisation dans l’éducation en Italie
Minant profondément le monde professionnel, la prolifération de faux diplômes n’a pas épargné l’Italie. Pour lutter contre ce fléau, deux écoles italiennes (lycée international de Villa Flaminia et l’Institut d’enseignement supérieur M. Ciliberto – A. Lucifero) ont décidé d’utiliser la blockchain Ethereum (ETH) pour délivrer leurs diplômes.
À l’heure de la crise du coronavirus, l’usage de la numérisation des attestations de diplômes permet aux étudiants de pouvoir simplement et en quelques clics récupérer leur document par voie électronique, sans avoir à se déplacer.
Les deux lycées rappellent qu’il s’agit d’une première en Italie et espèrent un déploiement rapide à plus grande échelle :
« Nous sommes heureux d’avoir réalisé le premier cas de notarisation électronique des diplômes d’études secondaires en Italie. La standardisation de cette procédure pourrait créer plus de transparence et de clarté au sein du système italien, en assurant l’amélioration des compétences et en aidant les entreprises et les étudiants à créer des relations harmonieuses. » (Pietro Azzara, PDG de Blockchain Italia)
Dématérialisation des processus dans l’éducation à Malte
Depuis maintenant plusieurs années, le gouvernement maltais travaille avec Learning Machine Technologies sur un projet-pilote permettant de stocker les certificats et diplômes délivrés par les écoles et universités du pays dans la blockchain.
Démarré en 2017, ce projet vise l’ensemble des écoles du pays, privées et publiques.
Concrètement, les administrations scolaires maltaises délivreront un numéro d’identification blockchain permettant aux citoyens d’accéder facilement à leurs attestations de diplômes.
Dirigeons-nous vers une harmonisation des pratiques ?
Dématérialisation dans l’éducation : vers un socle commun européen ?
La recherche d’harmonisation du système éducatif européen ne date pas d’hier. Signé en 1999 par 47 membres du Conseil de l’Europe, le processus de Bologne est un processus de réformes européennes visant à créer un espace européen de l’enseignement supérieur.
La réforme du système LMD (Licence/Master/Doctorat), ainsi que la mise en place des équivalences sous forme de crédits ECTS (système de crédits qui permet aux différentes formations d’être sanctionnées par un diplôme de valeur équivalente), entre autres, ont permis de faciliter la circulation des étudiants d’un pays à l’autre au sein de l’espace européen, pour y poursuivre des études ou y travailler.
Aujourd’hui, les responsables des systèmes académiques européens veulent aller plus loin.
Mardi 5 février 2019, une cinquantaine de représentants d’organisations européennes et d’États membres se sont rencontrés à Bruxelles pour discuter d’un projet d’échange de données à l’échelle européenne aidant à l’authentification des diplômes et des diplômés.
Ce projet a conduit à la formalisation d’un prototype nommé « Certified4life ».
Celui-ci a pour objectif de permettre aux établissements d’enseignement supérieur d’insérer dans la blockchain les attestations de diplômes obtenus par leurs étudiants. Ces derniers peuvent alors donner accès à leurs documents numériques authentifiés aux établissements académiques auprès desquels ils souhaitent suivre un parcours et aux entreprises auprès desquelles ils postulent. Ils gardent alors le contrôle total de leurs données.
Cette petite vidéo explicative vous permettra de mieux comprendre l’initiative.
Vous l’aurez compris, la dématérialisation dans l’éducation est au cœur des enjeux de demain pour la grande majorité des pays européens.
Du fait de l’urgence à harmoniser le système éducatif pour permettre ainsi une meilleure circulation des étudiants pendant leurs études, mais également des travailleurs actifs, le projet commun Certified4life témoigne d’une véritable volonté partagée d’adopter une approche européenne commune pour répondre aux défis posés par l’authentification des diplômes et des diplômés.